lundi 13 février 2012

Recherche de la vérité et la lutte contre l’impunité Les législatives algériennes et le printemps arabe en débat


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Par Mekioussa Chékir
«La recherche de la vérité et la lutte contre l’impunité : au cœur des luttes pour la démocratie en Afrique du Nord et au Proche-Orient», tel est le thème choisi par la coalition des associations des victimes du terrorisme. La rencontre a été organisée, hier à Alger, en présence d’un nombre important d’invités étrangers, dont la militante tunisienne des droits de l’Homme, Sihem Bensedrine. Cette dernière, après avoir essuyé vendredi un refus d’entrée en territoire algérien, a fini  par être autorisée à sortir de l’aéroport international d’Alger pour prendre part à cette rencontre. Parce que les prochaines échéances électorales constituent une préoccupation essentielle pour la classe politique, mais également pour les représentants de la société civile algérienne, cette question a donc pris la part belle lors des riches débats qui ont ponctué cette rencontre de deux jours, en raison du spectre de la fraude qui les entourent d’ores et déjà. Pour la militante tunisienne, et par ailleurs journaliste, il est important que la classe politique et la société civile parviennent à constituer un «observatoire civil» à même d’assurer la surveillance du scrutin et de pouvoir se positionner en tant qu’observateur civil de la validité des élections et ce, même si «nous savons que le cadre juridique existant n’autorise pas des élections légales». Pour le professeur de droit et ancien président d’Amnesty International, Madjid Bencheikh, lequel est intervenu sur le thème «Droits de l’homme en Algérie»,  les deux organes officiellement désignés pour surveiller les élections que sont l’administration et la justice ne peuvent garantir la neutralité du scrutin. Et pour cause, explique-t-il, les fonctionnaires de l’administration sont désignés par le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales alors que les juges le sont par le ministre du secteur et ce, pour des «raisons politiques». Pour que les élections soient libres, préconise l’intervenant, il faut qu’il y ait plusieurs  projets politiques. L’éminent intervenant se refuse à considérer les nouvelles formations politiques comme telles, dans la mesure où elles «n’ont aucune pratique vis-à-vis de leurs adhérents». De Tunisie, Alaa Talbi est intervenu sur «l’état des lieux des violations des droits démocratiques et sociaux et des migrants en Tunisie». Il regrettera le peu d’efficience de l’opposition en Tunisie, notamment la gauche : «La gauche tunisienne est dispersée et n’a pas pu faire la différence lors des élections parlementaires, et il y a eu un manque de communication de la mouvance de gauche, leur problème historique est que lorsqu’il pleut à Paris, ils ouvrent le parapluie à Tunis !» Sur les 40.000 émigrés tunisiens qui ont fui le pays pendant la révolution du Jasmin, un millier sont portés aujourd’hui disparus, fera savoir l’intervenant. Cette question demeure non résolue par les nouvelles autorités tunisiennes. Pour l’universitaire syrien, Radwan Ziadeh, lequel est intervenu sur le thème «Défis de la justice transitionnelle en Syrie» pour souhaiter de la communauté internationale, non pas une intervention étrangère comme ce fut le cas en Libye, mais pour l’établissement d’une zone aérienne d’exclusion pour assurer la protection de ses compatriotes. Venu d’Egypte, le jeune Malek Mustapha évoquera la problématique des disparitions forcées et massives ayant suivi la révolution du 25 janvier. «Avant, quand il y avait disparition, on savait que le sort des personnes concernées est soit l’emprisonnement soit l’assassinat, mais depuis la révolution, la situation est plus opaque», dira-t-il. Pour rappel, la coalition des associations des victimes du terrorisme rassemble Somoud pour les familles des victimes assassinées, le Collectif des familles de disparus en Algérie (Cfda) et Djazaïrouna pour celles dont les proches sont à ce jour portés disparus. 

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