lundi 13 février 2012

mplantation d’une usine de véhicules en Algérie Le scepticisme du PDG de Renault


Carlos Ghosn a indiqué jeudi que l’implantation d’une usine en Algérie n’est pour l’heure qu’un projet. Le site de production fixé à Bellara, à proximité du port de Djendjen, ne semble pas du goût des responsables de Renault.

Le projet de création d’une unité de construction automobile est encore loin d’être aussi abouti qu’on voudrait le faire croire. Jeudi, les déclarations du patron du groupe Renault, à Tanger-Med (Maroc), contrastaient lourdement avec l’optimisme béat des autorités algériennes, notamment du ministre de l’Industrie, Mohamed Benmeradi, lequel a déclaré récemment qu’on était très «proches» d’un accord.Carlos Ghosn est beaucoup plus mesuré dans ses propos. Il a, à cet effet, indiqué jeudi que l’implantation d’une unité en Algérie n’est pour l’heure qu’«un projet». Selon ses propos repris par l’agence Reuters, Renault est actuellement «en discussion avec les autorités algériennes sur un projet d’usine en Algérie. Les discussions sont en cours (...) mais pour l’instant, c’est un projet, il n’y a pas de décision, pas d’aboutissement». Les intentions du groupe concernant son projet algérien seraient même beaucoup moins ambitieuses que ce qui est souhaité par Alger.
Contrairement au site Tanger Med-Melloussa qui prévoit la production annuelle de 350 000 véhicules de la gamme Entry, destinée au marché européen, l’unité algérienne n’est en fait qu’une usine de montage pour le marché local et non tourné à l’exportation. Exit donc les rêves de création d’une filière à fort taux d’intégration pour cette unité qui devra produire 75 000 véhicules par an avant de porter sa production à 150 000 véhicules à moyen terme. D’ailleurs l’intérêt de la marque au losange pour l’Algérie ne semble pour l’heure motivée que par la taille du marché.
Les déclarations de Carlos Ghosn à Tanger reflètent parfaitement cet état de fait. S’il a indiqué que son groupe restait «intéressé» par une usine en Algérie, il a précisé que «Renault est la première marque en Algérie, il n’est pas question de laisser qui que ce soit venir construire en Algérie une usine. Si le gouvernement algérien souhaite une usine en Algérie, nous préférons que ce soit une Renault». Une allusion certaines aux velléités de Volkswagen qui, tel qu’annoncé par le ministre Benmeradi, entend faire de l’Algérie une porte d’entrée vers l’Afrique.
Les motivations de Renault sont également intimement liées par une volonté de se prémunir contre les taxes actuelles et futures sur l’importation de véhicules neufs et de bénéficier de la réintroduction du crédit à la consommation au bénéfice exclusif de la production nationale.Cependant, les contraintes imposées au constructeur refroidissent quelque peu l’intérêt des Français.
Un site qui manque d’attrait
Le site de production fixé à Bellara  à proximité du port de Djendjen, par les négociateurs algériens ne semble pas du tout du goût de Renault. Ainsi, quelques jours après qu’une délégation ait pu visiter le site en question, un dirigeant de Renault n’a pas hésité à déclarer au quotidien économique français les Echos que la région était peu habitée et dépourvue de tissu industriel. «On ne va pas aller dans le micro-port, complètement paumé, mieux vaut être dans la région d’Alger, plus proche du marché local», a-t-il d’ailleurs asséné.
Il y a aussi les conditions de répartition de capital de la société à créer et qui sera détenue à hauteur de 16% par la SNVI, 35% par le FNI et 49% par Renault qui font jaser les constructeurs français. Enfin, le projet risque de pâtir de la polémique grandissante actuellement en France autour des délocalisations. La désindustrialisation en Europe occidentale et son rapport aux délocalisations s’invite comme l’un des thèmes majeurs de la présidentielle en France. Et l’inauguration, jeudi au Maroc  de la nouvelle usine Renault n’a fait qu’aviver la polémique à droite mais surtout à gauche, où l’on accuse le constructeur français de faire du dumping social en «exploitant la main-d’œuvre maghrébine à bas prix» et d’organiser la concurrence avec les produits fabriqués en France.
Il n’est pas donc acquis que le prochain occupant de l’Elysée cautionne la stratégie du groupe détenu à 15% par l’Etat.
Entre-temps, il faut bien le reconnaître, nos voisins ont su tirer parti d’une situation dans laquelle Renault cherchait un nouveau site de production proche des côtes européennes pour le leur offrir.
D’ailleurs en plus des véhicules de la gamme Entry, le site de Tanger-Med aura pour vocation de fabriquer des «collections» de pièces détachées pour fournir d’autres usines Renault dans le monde en composants à partir du nouveau port.
Roumadi Melissa

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