lundi 27 février 2012

Les trois messages d’une escale


Les trois messages d’une escale

Par : Salim Tamani
La secrétaire d’État US, Hillary Clinton, à Alger. La visite, ou plutôt l’escale, s’inscrit dans le cadre d’une tournée maghrébine. Quelques heures pour délivrer des messages politiques sur les prochaines législatives, la démocratie dans le Maghreb et, bien sûr, la coopération bilatérale et, donc, les affaires.
Premier constat : pour une Algérie dont elle souhaite occuper “la place qui lui sied dans le concert des nations”, l’escale de trois ou quatre heures ficelées dans un programme réglé à la seconde près trahit en quelque sorte ce vœu. S’il est vrai qu’en langage diplomatique, on ne dit pas souvent ce qui risque de gêner ou de blesser nos partenaires, Hillary Clinton n’en a pas du tout tenu compte dans l’organisation de sa tournée. Deux jours à Tunis, quelques heures à Alger et deux jours à Rabat. Un calendrier très significatif du manque de considération que porte Washington à un pays dont il reconnaît en même temps son rôle stratégique, notamment dans la lutte antiterroriste.
Second constat : en affirmant que les peuples du Maghreb méritent de décider pour eux-mêmes, Hillary Clinton semble peut-être oublier que dans le cas de la Libye, l’intervention militaire de l’Otan a été pour beaucoup dans l’installation d’un nouveau régime dont l’idéologie ne tranche pas radicalement avec l’ancien système Kadhafi. Le résultat est là. Une année après le début des évènements que l’on a immédiatement qualifiés de Printemps arabe, force est de constater que le changement démocratique est encore à venir. La mouvance islamiste a raflé la mise électorale un peu partout, à commencer par la Tunisie dont personne n’attendait la victoire d’Ennahda, jusqu’en Égypte où les fondamentalistes ont confisqué la révolte populaire. Les peuples ont, certes, applaudi le départ des dictateurs mais ont-ils eu droit à l’ouverture politique tant espérée ? La réponse est non !
Troisième constat : Washington semble s’inquiéter de l’abstention lors des législatives du 10 mai prochain. Elle s’est d’ailleurs entretenue avec les responsables algériens “des dispositions que pourrait prendre le gouvernement pour encourager que ces élections reflètent le sentiment populaire algérien” S’agit-il d’une mise en garde ou d’une pression “amicale” pour inviter des observateurs US à suivre “techniquement” le déroulement du scrutin ? Ou s’agit-il carrément d’une suggestion à favoriser une mouvance politique par rapport à d’autres ?

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