lundi 6 février 2012

le Qatar tente de séduire une diaspora algérienne en France

La semaine dernière, l’ambassadeur de l’État du Qatar en France, Mohamed Jaham Al‑Kuwari, annonçait la création par son pays d’un Fonds d’investissement de 50 millions d’euros destinés à financer les projets de jeunes entrepreneurs des banlieues françaises.

L’émir cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani venait de recevoir à cet effet neuf conseillers municipaux de banlieue, tous originaires du Maghreb.

Il ne s’agit pas de « charité », explique le diplomate à propos de ce Fonds, mais d’un « partenariat qui va servir la relation entre le Qatar et la France », « un pays stratégique et très important pour nous ». Une attitude qui suscite des interrogations en France, dans la presse et au sein de la classe politique française, à la veille de l’échéance électorale présidentielle.

Investir un champ délaissé par l’Algérie

Mais si la démarche du Qatar suscite l’embarras en France, elle a de quoi inquiéter en Algérie. Soutenir la communauté maghrébine des quartiers populaires, c’est soutenir la diaspora algérienne. Première communauté étrangère de l’Hexagone, les Algériens sont en effet estimés à 4 millions de personnes. Cette nouvelle stratégie de séduction de la diaspora par le Qatar démontre plusieurs choses.

D’une part, l’échec de la politique algérienne vis‑à‑vis de sa communauté de France. Malgré les visites répétées de son secrétaire d’État chargé de la communauté algérienne à l’étranger, Halim Benattalah, rien de concret ne ressort. Pis, en arrivant à ce poste, M. Benatallah a décidé de geler le Conseil consultatif de la communauté algérienne à l’étranger, une structure cependant créée par décret présidentiel le 9 septembre 2009. L’Algérie a pourtant les moyens financiers de soutenir le talent et les compétences de ses expatriés, bien présents dans le discours politique algérien… Mais dans le discours seulement. Par cette offensive, le Qatar ne fait donc qu’investir un champ délaissé par l’Algérie, dont la politique envers sa communauté en France reste ambiguë.

Cette position algérienne laisse du coup le champ libre à l’accroissement de l’influence de l’émirat du Golfe au Maghreb, qui entend se servir la diaspora algérienne comme d’une passerelle pour accroître son influence dans la région du Maghreb. Ce qui n’est pas sans poser problème au regard de la proximité du Qatar avec les milieux islamistes.

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