vendredi 20 décembre 2013

Son ministre des Affaires étrangères sera samedi à Alger : La Chine tient à sa place sur le marché algérien

Pékin veut consolider sa place malgré la réputation peu fiable de certains produits exportés vers l’Algérie.
Il tient à sa position commerciale et économique dans un contexte de concurrence très dure avec des partenaires européens, dont la France, qui souhaitent reprendre le premier rôle en termes d’investissements et d’échanges.

Le ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Chine, Wang Yi, effectuera une visite de travail en Algérie, samedi et dimanche prochains, à l'invitation du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. C’est la première visite d’un haut responsable chinois depuis l’élection du nouveau président Xi Jinping. Ce dernier, qui a fait une tournée africaine au lendemain de son élection, n’est pas venu en Algérie en avril dernier en raison de l’hospitalisation du président Bouteflika au Val-de-Grâce en France durant cette période.  “Cette visite, qui coïncide avec la célébration du 55e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays, sera l'occasion de passer en revue l'ensemble des volets de la coopération bilatérale en vue d’approfondir et de développer les relations entre nos deux pays”, a déclaré le porte-parole du MAE, Amar Belani. Les deux ministres procéderont également à une “concertation approfondie” sur des questions régionales et internationales d’intérêt commun, notamment la situation dans le monde arabe et au Sahel, a-t-il dit. Un accord de coopération économique et technique sera signé lors de cette visite.
Si les relations entre l’Algérie et la Chine ont toujours constitué un axe important depuis le soutien à la guerre de Libération nationale jusqu’aux premières années de l’Indépendance, il n’en demeure pas moins que cette coopération a connu une période de ralentissement durant les années 1990. La situation d’instabilité qu’a connue l’Algérie alors aurait dissuadé la Chine d’investir dans un pays où les perspectives politiques étaient assombries par l’incertitude. Ce qui va changer au début des années 2000. Alger adopte une stratégie économique basée sur la diversification de ses partenaires et la Chine entame une offensive pour la conquête de l’Afrique en termes d’investissements, mais aussi de marché potentiel de plus d’un milliard de consommateurs. Mais contrairement à beaucoup de pays africains où la Chine pratique le troc en échangeant les matières premières dont les éléments de terre rares en contrepartie de la construction d’infrastructures, l’Algérie a accordé à la Chine des grands projets structurants dont l’autoroute Est-Ouest, dont l’enveloppe a dépassé les 11 milliards de dollars, le logement à travers le projet AADL, dont on ne connaît toujours pas le montant de la transaction, la construction du terminal de l’aéroport international, la résidence d’État de Club des Pins, la Grande Mosquée d’Alger, ainsi que la téléphonie mobile à travers les équipementiers ZTE et Huawei. Malgré certaines défaillances dans la qualité des ouvrages et la qualité de certains produits exportés vers l’Algérie, la Chine continue sur sa lancée en investissant dans plusieurs domaines d’activités.

Augmentation des échanges commerciaux et position de 1er fournisseur
Quant aux échanges commerciaux, ils ont connu une croissance de 6,75% durant le 1er semestre de l’année 2013 pour atteindre la valeur de 4 milliards de dollars. À moyen et à long termes, l’élan d’amitié qui se conforte et se consolide au fil du temps vise essentiellement deux objectifs : hisser la coopération stratégique à un niveau élevé dans un contexte caractérisé par la crise financière qui empêche les partenaires traditionnels d’investir plus. Ce qui ne s’est pas fait attendre. La France, qui était pendant des années le premier des principaux fournisseurs de l’Algérie, a été dépassée cette année par la Chine qui devient le premier fournisseur du pays avec 4,95 milliards de dollars. Il faut dire que les pays asiatiques ont absorbé 5,35% des exportations algériennes (2,65 milliards de dollars) et ont expédié 18,84% (7,78 milliards de dollars) de leurs marchandises vers l’Algérie. La 2e place est revenue à la France avec 4,70 milliards de dollars (11,37%), suivie de l’Italie 3,95 milliards de dollars (9,57%), de l’Espagne 3,93 milliards de dollars (9,52%) et de l’Allemagne 2,13 milliards de dollars (5,17%) du montant global des importations algériennes durant les neuf mois de cette année. C’est dans cette configuration que la Chine a creusé son sillon pour se frayer doucement, mais sûrement, une place de choix sur le marché national. Au-delà des objectifs fixés par Pékin pour l’ensemble du continent africain pour lequel une ligne de crédit de 20 milliards de dollars a été dégagée pour les années 2013, 2014 et 2015, les Chinois accordent une importance particulière à l’Algérie devenue, selon les experts, “leur deuxième destination préférée en Afrique”.

L’Algérie sur le continent africain
En 2013, l’Algérie s’est vu classée la deuxième destination des investissements chinois après la Nigeria qui garde la pole position. Vient ensuite l’Afrique du Sud en troisième position.
Ce classement prend en compte huit catégories d’investissements : l’énergie, les mines, les transports, l’immobilier, l’agriculture, la finance et les technologies, excluant les prêts, les achats de bons du Trésor et autres opérations financières. Près de 45 000 Chinois travaillent en Algérie dans de nombreux projets. Lors de sa tournée africaine qu’il a entamée par la Tanzanie, le nouveau chef de l’État chinois avait déclaré qu’“avec la croissance de sa force économique et générale, la Chine continuera à offrir, comme toujours, l’aide nécessaire à l’Afrique, sans contraintes politiques à la clé”, démentant la propagande des anciennes puissances coloniales qui considèrent que la présence chinoise en Afrique n’est pas dénuée de toute arrière-pensée hégémoniste.
 
Liberté

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