lundi 2 décembre 2013

Consommation : une baisse en trompe-l'œil

C'est moins bien qu'en septembre, mais à y regarder de plus près, le panier des Français n'est pas si dégarni. Après – 0,1 % en septembre, la consommation des ménages a continué à baisser en octobre, à – 0,2 %, a indiqué l'Insee, vendredi 29octobre. Selon l'institut, cette baisse est imputable au recul des dépenses en énergie (– 4,9 %), qui traduisent notamment « l'effet de températures au-dessus des normales saisonnières sur les dépenses de chauffage ».
Sur l'ensemble de l'année 2013, et malgré un troisième trimestre en berne (–0,1%), l'Insee table toutefois sur une augmentation de 0,3 % de la consommation (contre – 0,4 % en 2012). Le quatrième trimestre devrait lui aussi être positif, à 0,3%. Pour Hervé Péléraux, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), deux causes peuvent expliquer cette prévision optimiste.

« ACHATS D'ANTICIPATION » AVANT LES HAUSSES DE JANVIER

« Il y a tout d'abord ce que l'on appelle les achats d'anticipation, en l'occurrence avant la hausse de la TVA et le début de la fiscalité écologique au 1er janvier, explique-t-il. Puis, la possibilité de débloquer de manière anticipée l'épargne salariale va prendre fin au 31 décembre, et peut inciter les ménages à profiter de cette réserve. Dans le cas de phénomènes avantageux temporaires, les gens ont tendance à en profiter au dernier moment, comme on l'a vu, par exemple, pour la prime à la casse. »
Des facteurs que l'Insee observe déjà pour le mois d'octobre. « Les dépenses en biens durables augmentent de nouveau en octobre (+ 0,8 % après + 0,7 % en septembre), relève l'institut. Ce résultat s'explique notamment par une accélération des dépenses en automobiles (+ 1,5 %, après + 0,8 %), peut-être par anticipation de la réduction du bonus en novembre et du durcissement du malus en janvier prochain. Les achats en équipement du logement progressent également (+ 0,1 %, après + 0,4 %). »
Cette tendance devrait se poursuivre en 2014, année durant laquelle la consommation des ménages est attendue à + 0,8 %, selon les prévisions de l'OFCE. Une hausse qui ne doit cependant pas cacher sa « faiblesse », souligne M. Péléraux, qui rappelle que cette dernière se situait en moyenne à 1,7 % entre 1990 et 2009.

« FORTE APPÉTENCE POUR LES PRODUITS HIGH-TECH »

« Les postes de dépenses les plus touchés par cette morosité sont d'une part les dépenses lourdes (automobile, meubles, équipement), qu'on peut repousser, et d'autre part les dépenses liées au plaisir, au loisir (bijouterie, soins personnels, habillement) – sauf quand cela concerne les enfants », observe pour sa part Philippe Moati, professeur d'économie à l'université Paris-Diderot.
Si les biens durables et d'équipement ont enregistré une légère hausse en octobre, en revanche, la consommation d'habillement, de textile et de cuir a diminué pour le deuxième mois consécutif (– 0,3 % après – 0,9 % en septembre).
De son côté, la consommation en produits alimentaires a rebondi en octobre (+1,4%), note l'Insee. Selon M. Moati, ce secteur n'est plus une « variable d'ajustement » des dépenses. « Les ménages ont déjà rogné le plus possible, surtout dans l'alimentaire. On est arrivé à un stade où ils ne peuvent plus faire d'économies, à moins de changer radicalement de mode de vie », explique-t-il.
Quant aux produits de consommation courante, peu de surprise : « Il y a une forte appétence pour les produits high-tech de dernière génération, comme les smartphones et les tablettes », la majorité des ménages étant déjà équipés d'écrans plats, d'appareils photo numériques ou d'ordinateurs compacts.
« Le fort ralentissement de l'inflation en 2013 a sauvé le pouvoir d'achat », souligne M. Péléraux. Celui-ci devrait enregistrer une hausse de 0,7 % en 2013 et de 0,8 % en 2014. Des chiffres certes positifs, mais qui sont encore loin du niveau moyen enregistré entre 1990 et 2009, à 1,9 % de croissance par an.

Le Monde

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