dimanche 1 décembre 2013

Des pays de la région MENA sous l’emprise de régimes dictatoriaux : Aux sources d’une jeunesse désemparée

Agir dans le cadre d’une même organisation semble le rêve de nombreux jeunes de la région MENA, mais l’existence de plusieurs groupes «minoritaires» qui réclament le respect de leurs identités mine le terrain d’entente.

Casablanca (Maroc). 

Principale force motrice de la quasi-totalité des pays de la région MENA, les jeunes ont grandement contribué aux changements socioéconomiques et politiques qui sont en train de s’y opérer. En dépit de l’absence de structures d’accueil institutionnelles et de la défaillance des structures existantes (formations politiques crédibles, associations actives, etc.), due notamment à la nature dictatoriale des régimes en place, cette frange de la société n’a pas hésité à prendre les choses en main. S’engageant davantage dans l’action politique et civique, au point de jouer un rôle primordial dans les bouleversements rapides et historiques qui ont marqué, depuis quelques années, certains pays de cette région, cette frange de la société peine toutefois à s’organiser et faire entendre ses revendications via une seule voix… En d’autres termes, agir conjointement pour l’instauration d’un Etat démocratique et d’une justice sociale semble tributaire de plusieurs considérations.
Agir dans le cadre d’une même organisation est le rêve de nombreux jeunes de la région, mais l’existence de plusieurs groupes «minoritaires» qui réclament le respect de leurs identités mine le terrain d’entente. C’est du moins ce qu’ont exprimé une quarantaine de jeunes de six pays, à savoir l’Algérie, l’Egypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc, le Soudan et la Tunisie, lors d’une rencontre organisée à Casablanca à l’initiative la fondation Friedrich Ebert.
Deux jours durant (samedi et dimanche), ces jeunes, des universitaires pour la plupart, ont débattu de la situation dans la région, mais surtout du rôle attribué à la frange juvénile, laquelle représente la majeure partie de la population. Le thème choisi pour cette rencontre est justement «La participation politique et l’engagement civique».
A la base, l’idée de créer une union politique est reçue avec enthousiasme, mais dès qu’il s’agit d’appeler l’organisation devant chapeauter ce projet «conseil des jeunes Arabes» ou encore «conseil des jeunes musulmans», des voix se sont élevées pour dénoncer leur exclusion de cette union. «Je ne me reconnais pas dans un conseil des jeunes Arabes. Je ne suis pas Arabe», clame Athmane, un jeune Berbère algérien. Même réaction pour les chrétiens libanais qui ne se reconnaissent pas dans un «conseil des jeunes musulmans».
La différence a fini par l’emporter. «Les divergences soulevées durant cette rencontre entre participants de différents pays, mais surtout issus d’ethnies et religions différentes, ont fait remarquer l’importance de se concentrer exclusivement sur les préoccupations communes, sans quoi toute tentative d’union sera vouée à l’échec», rétorque Elie Hasrouty, un Libanais.
Les points communs ne manquent pas, constate-t-on. Les interventions des uns et des autres relèvent, entre autres, la mise à l’écart des jeunes par les systèmes en place, mais aussi par les partis politiques. Ces derniers sont «squattés par les mêmes personnes et obéissent à une logique d’héritage. Quelquefois la présence des jeunes est soit inexistante, soit non performante», nous dit un jeune Tunisien.
Ces jeunes, impliqués ou non dans des formations politiques, admettent par ailleurs que la position de ces partis n’explique pas à elle seule l’exclusion des franges juvéniles de leur organisation.  Il y a aussi le désintérêt affiché par une «majorité» de jeunes vis-à-vis de tout ce qui a trait aux affaires publiques et politiques.
«Nous devons lutter pour l’amélioration du système éducatif parce que, tel conçu actuellement, il empêche tout prise de conscience chez l’enfant quant à sa responsabilité civique et politique et il est dépourvu de toute notion de droit et devoir», dit un activiste jordanien présent à cette rencontre. Un constat que semblent parfaitement appuyer les conférenciers qui ont animé cette rencontre. Yacine Bezaz, chercheur marocain en sciences politiques, soutient qu’effectivement, «l’éducation sociale et culturelle est en forte relation avec la politique vu que cette dernière ne s’apprend pas dans la rue comme certains le croient».
Dans ce sens, le Dr Abdelaziz Nouaydi, professeur d’université en droit et sciences politiques, reconnaît «le rôle des ONG dans la consécration de la participation des jeunes dans la vie politique». Selon lui, activer dans une ONG est «la consécration même du droit à la démocratie».

EL WATAN

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