mercredi 13 juillet 2011

Bernard Foccroule. Directeur du festival d'Aix-En-Provence

«Nous serions heureux de recevoir de jeunes musiciens algériens»



- Depuis que vous en êtes le directeur, quels sont les objectifs du festival d’Aix ?

Deux éléments sont complémentaires : L’ouverture aux artistes les plus créatifs dans tous les domaines, et  à des parties de la population qui n’y ont pas accès facilement. Mon but serait d’arriver à ce que dans un festival d’opéra il y ait des représentants de toutes les catégories sociales, qui viennent du Sud, du Nord, de l’Est, de partout, et des personnes issues de l’immigration.
Qu’on ait un rapport à la cité aussi profond que possible.

- Cela commence par un travail de formation que vous avez engagé en marge du festival et qui commence à porter ses fruits ?

Exactement, nous avons une académie depuis treize ans.
Elle intervient dans les domaines du chant, de la musique de chambre, de la création d’opéras contemporains, et depuis l’année dernière nous travaillons avec l’orchestre des jeunes de la Méditerranée, qui nous permet d’inviter quelques-uns des meilleurs instrumentistes et musiciens de cette zone, dont le Maghreb.

- Nous serions heureux de recevoir dès l’année prochaine de jeunes musiciens algériens, j’en profite pour le dire par le biais de votre journal. Nous avons cette année des Marocains, des Tunisiens, des Egyptiens…

Il me paraît du reste utile d’ouvrir le festival aux traditions orales. Cette année, nous avons un projet avec la Fondation Royaumont qui s’appelle  «du Slam à l’Atlas» qui réunit une chanteuse marocaine de culture berbère, deux slameurs, marocain et français, ainsi qu’un musicien de jazz. Mon espoir est que ceux qui viennent voir l’opéra puissent découvrir d’autres genres, et vice-versa.

- Le travail en direction du monde arabe est significatif avec la chorale que vous avez appelée Ibn Zeydoun. Là c’est une ouverture totale sur la Méditerranée ?

Ça, c’est très important. D’abord moi, je suis très sensible à la musique arabe classique, à la poésie. Mahmoud Darwich est pour moi un des plus grands poètes du monde…

- … D’ailleurs vous lui avez rendu hommage dans le festival l’année dernière.

Oui, car c’est quelqu’un qui m’accompagne par l’intensité de son œuvre. Nous avons, depuis quatre années, ce chœur qui réunit des jeunes adultes d’Aix et de Marseille sous la direction d’un chef et chanteur palestinien, Moneim Adwan.
D’année en année, cela vaut un approfondissement de la connaissance de la musique et de la culture arabes, et de la poésie, avec des textes de Darwich et Ibn Al’Arabi. Cette culture arabe, elle est au cœur de nos villes. Ce n’est plus la culture de l’autre, cela devient aussi notre culture et cet échange  est primordial. Mon vœu est que notre travail développe ce dialogue en ouvrant le festival d’opéras à de nouveaux publics.
Cela n’a rien de paternaliste, c’est au contraire aller à leur rencontre, pour entendre les cultures dont ils sont porteurs.

- Quels sont les effets sensibles du travail en direction des publics des quartiers sur Aix ? A-t-on aujourd’hui des artistes issus de ces quartiers ?

C’est intéressant de capter ces talents de la culture urbaine. Avec des enfants et des adolescents, nous allons monter à Marseille en 2013 un Roméo et Juliette avec l’orchestre des jeunes de la Méditerranée. Des jeunes instrumentistes du junior orchestra viennent des écoles primaires avec lesquelles le festival travaille sur les quartiers nord de Marseille. Certains, d’un niveau plus avancé se retrouvent dans l’orchestre des jeunes de la Méditerranée. Il y a des passerelles qui se jettent et pour moi tout ce qui est de la transmission, je trouve cela passionnant.

Pour en savoir plus : www.festival-aix.com
Walid Mebarek

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