vendredi 15 juillet 2011

Passion et motivation, aux profits du septième art



Une équipe jeune, dynamique et motivée, unie par une passion commune pour le cinéma, c’est ce qui a permit au projet Alger Demain de se concrétiser et se distinguer. Initié par la jeune boite de production Thala Film, les quatre films produits dans le cadre de ce projet on été présentés aux Journées Cinématographiques d’Alger, du sept au onze juillet dernier. Si l’ensemble des projets ont marqué public et professionnels, un film s’est en particulier a trouvé son chemin vers le cœur du jury. Demain Alger, d’Amine Sidi Boumedienne a remporté, le onze juillet dernier le prix du meilleur court métrage des JCA.
Demain Alger, d’Amine Sidi Boumedienne : Je me mets en danger à chaque film
«Tu viens, demain ?», à la veille d’un jour crucial, trois jeunes hommes se préparent à «aller à Alger» pendant que leur ami boucle ses valises quelques étages plus haut. Il y a plusieurs années, l’auteur et réalisateur du film bouclait lui-même ses valises et quittait le pays pour la France où il a entamé des études dans le domaine cinématographique «Nous sommes dans un pays où tout reste à faire. Qu’on le veuille ou pas, on a besoin de s’inspirer des autres», explique-t-il. Cependant, il a toujours su qu’il reviendrait exercer son métier en Algérie, où il a commencé par enchaîner les projets en tant qu’assistant. Sa passion dévorante pour le 7e art, il la doit à son grand frère pour lequel il voue une grande admiration pour ce «qu’il a créé à partir de rien». Sa mère, biologiste, et son père, ingénieur, l’ont toujours encouragé à s’ouvrir aux arts. Il se consacre d’abord à la musique, une autre passion, d’une autre nature. D’ailleurs, c’est lui-même qui a composé au piano la musique de son court métrage. Grand lecteur de romans, pour Amine, l’histoire prime dans un film. «Je veux que le spectateur entre dans l’histoire, ensuite, je peux mettre des éléments personnels qui me sont chers», précise-t-il. Après un tournage «à l’arraché», le réalisateur se dit très fier de son film et des personnes qui y ont contribué. «Dans une ambiance excellente», il a fallu composer avec les moyens du bord. Le jeune réalisateur a par ailleurs choisi de faire confiance à des débutants motivés, techniciens et acteurs qu’il a fallu accompagner et former. Pari gagnant, puisque le film s’est imposé aux esprits des téléspectateurs et du jury des Journées cinématographiques d’Alger. «Je ne fais pas de films pour avoir des récompenses, je me mets en danger à chaque film, par manque de confiance, sans doute. Que le public aime le film m’est plus cher», explique-t-il. Et d’ajouter : «Mais recevoir des récompenses d’un jury de professionnels, ça veut dire qu’on est sur la bonne voie. C’est important.» Ce qu’il a surtout apprécié dans l’aventure Alger Demain, c’est la confiance de l’équipe de Thala Film, particulièrement les producteurs qui lui ont laissé carte blanche et beaucoup épaulé.


Un homme face au miroir, de SaÏdani Zakaria : Le court n’est pas une post- graduation 
Un homme face au miroir est une «méditation, une psychanalyse», confie l’auteur et réalisateur. Pour le jeune réalisateur, diplômé de l’école de cinéma de Mostaganem, il s’agit d’une véritable mise en abîme. «Ecrire ce que j’avais sur le cœur, afin de me détacher de cette histoire», poursuit-il. Porter à l’écran une expérience personnelle, avec beaucoup de pudeur et une grande attention accordée à l’esthétisme, a apporté une vraie «libération et la satisfaction de (se) dire que j’ai pu faire quelque chose de bien de cette déception sentimentale», explique Zakaria. Cinéphile, le jeune homme a fait le choix de se consacrer à ce métier difficile. «On n’exerce pas ce métier sans passion, car ce n’est pas un métier qui nous garantit une vie de rêve.» Tout en enchaînant les assistanats sur les plateaux, il travaille à la réalisation de ses courts métrages. L’expérience Alger Demain, a été pour lui «une expérience unique, autant sur le plan humain qu’artistique». Il estime que cette aventure a pu «rassembler beaucoup de professionnels qui ont envie de faire du cinéma algérien un lendemain plus glorieux et joyeux». Pour lui, «le court n’est pas une post-graduation, mais bien une institution à part entière».


Un jour à Alger, de Raouf Benia
Ce film, c’est moi Raouf n’aurait jamais pu imaginer un jour pouvoir réaliser ce rêve qu’il laissait mûrir dans un coin de son cœur. D’ailleurs, lorsqu’il prend des cours d’écriture de scénario via internet, c’est surtout «pour le plaisir». Web Master, commercial puis chef de projet, il se démène depuis deux ans pour créer sa propre entreprise de communication et d’audiovisuel. Pris dans les méandres de la bureaucratie et des démarches administratives, il fait de son film un échappatoire dans lequel il peut «incarner (ses) idées». «Ce film, c’est moi», assume-t-il. Il est un «message destiné autant au public qu’aux politiques», précise-t-il.  «Un être humain a besoin d’un minimum de dignité : travail et logement», poursuit-il. Dans son film, Alger est fantasmée et devient, le temps d’une rêverie, moins âpre. Cependant, l’expérience n’a pas été de tout repos pour celui qui fait ses tout premiers pas dans le cinéma, particulièrement lorsqu’il s’agit «de faire face à des professionnels qu’on doit diriger, alors qu’on est en soi quelqu’un d’assez conciliant», explique-t-il. Motivé, il a déjà plusieurs idées de courts métrages et, encouragé par les échos de son film, désire poursuivre sur cette voie.


Yacine Bouaziz. Producteur à Thala Film : Le manque de moyens nous a poussés à être plus créatifs
- Comment est née la boîte de production ?

C’est une initiative personnelle. J’ai rejoint une école de cinéma en France et entamé les procédures avec l’aide de l’Ansej. J’ai créé la boîte avec des amis de longue date. Par exemple, mon coproducteur, Faycel Hammoum, et moi, nous nous connaissons depuis l’âge de 12 ans. Comme il est dans le domaine, cela s’est fait naturellement.

- J’imagine que produire des films doit être un travail de longue haleine...

Oui, surtout lorsqu’on n’a pas beaucoup de moyens et qu’on est attaché à faire un travail cohérent sur le fond et sur la forme. Nous sommes très exigeants, mais ce n’est facile nulle part. Le principal, c’est qu’il y ait beaucoup de bonne humeur. Le manque de moyens a été bénéfique puisque cela nous a poussés à être plus créatifs. Le plus difficile, c’est qu’il n’y ait pas de diffusion et notre objectif est que les films soient vus par le maximum de personnes.

- Des projets...

Il nous reste encore trois courts métrages en attente de financement. Nous avons aussi des projets de clips avec des artistes algériens tels que Cameleon ou Samir Farès et nous tenons à ce que ce soit réalisé par des Algériens. Enfin, un projet de portraits de femmes moudjahidate prévu pour 2012.

- Enfin, pourquoi Thala ?

C’est un village à 15 km de Timimoun que j’aime beaucoup. C’est mon coin de paradis et j’ai toujours souhaité donner ce nom. Thala veut dire source et ça va avec notre slogan : source d’images et d’inspiration.

Nesrine Sellal

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