dimanche 24 juillet 2011




Retour des immigrés en Algérie
A chaque saison estivale, des centaines de milliers d’émigrés reviennent au pays. Si le bonheur de retrouver les siens est indubitablement immense, les conditions d’accueil au niveau des ports et aéroports restent insuffisantes. Des jeunes, vieux, femmes, familles entières viennent chaque jour d’Alger ou d’autres wilayas, donnant à l’aéroport uneambiance colorée faite de différents dialectes et d'accents aux intonations tantôt fines, tantôt gutturales ou rauques (à cause du retard). Une seule cause les a réunis : l’attente d’une personne chère. Il suffit de rester quelques instants à côté de ces gens pour constater les énormes retards que mettent les voyageurs à sortir de l’enceinte portuaire ou aéroportuaire. Beaucoup de personnes expliquent cette situation par le retard des dessertes et parfois par les formalités douanières et de la Police des frontières. Mais après la mise en service du nouvel aéroport international Houari-Boumediene, il y a seulement quelques années, et malgré le nombre élevé des passagers, l'accomplissement des formalités de police et de douane est relativement rapide grâce aux dispositions prises à cet égard.
Rien n'a été laissé au hasard. Sauf quelques cas d’exception, comme lors de la grève du personnel navigant commercial d’Air Algérie. Une grève qui a paralysé toute la compagnie nationale…. S’étalant sur une superficie d’environ six hectares, en plus de vingt-quatre autres réservés à des parkings, cette gigantesque infrastructure est un joyau où l’on trouve des restaurants, des cafeterias, des boutiques, des agences bancaires, d’assurances et un bureau de poste, sans oublier, évidemment l’espace réservé pour les trois opérateurs de la téléphonie mobile. Si toutes ces infrastructures ont pour objectif de faire «se reposer», les gens qui attendent leurs familles vivant sous d’autres cieux et faciliter la tâche aux voyageurs, consommer des boissons ou s’offrir un dîner est quasi-impossible pour les bourses moyennes. Et pour cause, les tarifs sont exorbitants. Si l’on sait que le prix d’une tasse de café tourne autour de 100 DA, on peut avoir une idée du prix d’un sandwich ou d’un plat. A ce propos, Mohamed, venu attendre son cousin, s’est dit très surpris par ces prix. «Certes, toutes les commodités sont présentes (des espaces pour s’assoir, des espaces pour fumeurs et non fumeurs….), mais fixer le prix d’une pâtisserie à 200 DA, cela est inacceptable !», a-t-il contesté.
Compagnies aériennes : tout pour satisfaire les voyageurs.Côté compagnies de transport aérien tout le monde se met de la partie. Dès l’entame de la saison estivale, les compagnies desservant Alger ont pris des mesures particulières dans le but d'assurer le retour des émigrés. Un personnel spécialement formé, en vue de garantir l’accueil des membres de la communauté algérienne à l’étranger dans les meilleures conditions et les orienter. Dans le contexte de la programmation, les vols de diverses compagnies aériennes se posent sur le tarmac de l’aéroport Houari-Boumediene plusieurs fois par jour, en provenance de villes européennes ou d’Afrique. Par ailleurs, toutes ces dispositions de la part de toutes les compagnies sont considérées comme une petite bouffée d’oxygène pour les émigrés souhaitant passer des vacances au pays, et pour cause, le nombre d’émigrés n’a cessé d’augmenter. En face du couloir des arrivées, familles, proches et amis s’impatientent. Cela fait des heures qu’ils sont là. Un monde fou se déplace dans tous les sens. Femmes, hommes et enfants poussent leurs chariots. Une femme tenant son bébé dans les bras dira avec une pointe de soulagement : «Ça y est, le Paris-Alger vient d’atterrir, c’est affiché sur l’écran.» Lamia est, elle, venue de Paris, où elle vit depuis six ans, pour passer des vacances à Azazga, la ville de ses parents. Représentante commerciale dans une société parisienne, elle porte un pendentif représentant le symbole de la Kabylie, et n’a pas mâché ses mots pour qualifier le nouvel aéroport de bijou, d’autant qu’elle n’est pas revenue depuis son installation à Paris. «Franchement, je suis très surprise par cet édifice qui me rappelle ceux des pays développés.». Elle nous a fait savoir qu’elle est très heureuse de retrouver les siens et son pays. Car, à ses yeux, rien ne peut égaler la chaleur familiale et la beauté de pays. «Je ne peux pas rester une année sans visiter au moins une fois mon village. Je me ressource et je recharge mes batteries pour mieux affronter les tâches que je dois accomplir, une fois en France», a-t-elle déclaré avec une pointe de sourire.
Cap sur le port d’Alger
Jeudi dernier, 9 h du matin, la salle d’attente de la gare maritime d’Alger est pleine à craquer et un immense bateau est en face de nous. Selon un responsable de l’ENTMV, le bateau reprendra le large bientôt. Chaque jour que Dieu en fait, spécialement en cette saison estivale, des voitures de toutes marques et de toutes couleurs sortent du port d’Alger, l’une après l’autre, bien «bourrées» de bagages. Les voyageurs sont fatigués, ils viennent d’accomplir le parcours du combattant. Côté salle d’attente, des dizaines de personnes venues pratiquement de l’intérieur de pays donnent, à la faveur d’une journée ensoleillée, libre cours à leur joie en attendant de voir la voiture de l’un des leurs apparaître. Le bonheur des retrouvailles se transforme de plus en plus en stress à cause du retard. Les spéculations vont bon train et les services douaniers font l’objet de critiques de la part des voyageurs. Tous les regards sont braqués sur la sortie des passagers. Karim, venu de Réghaïa, est là depuis 7h du matin pour accueillir son frère vivant à Marseille. «Je ne comprends pas pourquoi ils mettent tout ce temps pour sortir de l’enceinte portuaire.» Et d’ajouter : «Il semble qu’on oublie que les voyageurs viennent de loin.» «C’est eux !», lance un jeune homme, avec une joie qui se lit sur son visage, à son compagnon, après avoir vu les siens. «De toute façon, chaque fois que je viens dans mon pays pour passer des vacances, je songe toujours à mon prochain voyage», nous dira avec une mélancolie Redouane, un jeune résidant à Marseille. Il est vrai que la plupart des émigrés viennent dans leur pays pour passer des vacances au Ramadhan. Mais il y a ceux qui sont là pour régler quelques «affaires». A l’image de Lyes, originaire de Blida rencontré au port d’Alger. Avec un accent purement marseillais, il dira que le motif de son déplacement est le mariage. «Je suis venu pour organiser mon mariage à la fin de ce mois et régler des formalités administratives pour ma future femme à l’ambassade de France.» Mais comme les vacances se planifient longtemps à l’avance, beaucoup de familles ont déclaré que les plages et les forêts ont été déjà choisies…. de France. «Pour nous tout est clair, le site est préalablement choisi et l’argent ne manque pas !», ont-ils conclu. 

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